Isaac est né à Genève le 28 novembre 1758. Il se maria avec Charlotte Diedey (1755-1833). Le couple eut deux enfants Léonard- Jacob mort en bas âge et une fille Anne- Joséphine (1786-1854).
Il exerça des activités de banquier et de commissionnaire en marchandises. Il a té l’un des fondateurs de la Banque Ferrier qui disparaitra en 2006. Il rédigea un mémoire sur la mise en place d’un Mont de Piété en 1794.
Son portrait fut réalisé en 1796 par le peintre académique Gabriel-Constantin Vaucher (1768-1814). Dans ce tableau, aujourd’hui conservé au Centre Iconographique de la Bibliothèque de Genève, Il pose debout dans son cabinet de travail, sous le regard de Jean-Jacques Rousseau, pointant sa main droite en direction du projet d’exécution de la « Taxe Extraordinaire », dont il fut l’un des initiateurs, et qui fut présenté à la Commission Nationale le 22 septembre 1794. Son visage est grave et reflète bien l’austérité du personnage

Isaac Bourdillon
Peinture de Gabriel-Constantin Vaucher
Biographie établit par Christophe Bourdillon
"Il s’inscrit directement dans la filiation libérale de son père Léonard. Il joua surtout un rôle politique très actif et controversé dans cette période troublée qui vit vacillé le modèle oligarchique genevois. Ses convictions étaient clairement démocratiques et font de lui un « homme de gauche » au sens de ce mot depuis 1789. Dans le sillage des évènements révolutionnaires français, en novembre 1791, le Code Genevois introduisit à nouveau le principe effectif de l’égalité des citoyens et en 1792 les conseils praticiens furent abolis. Une Assemblée Nationale fut élue pour rédiger une nouvelle constitution inspirée du modèle français et qui entra en application en 1794.
Très jeune il se fit promoteur des thèses démocratiques de Léonard et se positionna en pointe des plus extrêmes des Représentants, le mouvement le plus à gauche de l’échiquier politique genevois. Ainsi en janvier 1791, il devint membre du Club Fraternel des Révolutionnaires de la Montagne de Genève. Dès 1792, il se fit élire à l’Assemblée Nationale, nouvel organe délibérant de la République Genevoise. Il fut élu membre de son nouvel exécutif, la Commission Nationale mise en place en avril 1794. Il participa ainsi au « Comité des 40 » qui animait le mouvement des Egaliseurs sur le modèle des Clubs Montagnards parisiens. Le 19 juillet 1794, les « Egaliseurs » déclenchèrent une insurrection contre les menées contre-révolutionnaires de l’oligarchie patricienne qui tentait vainement d’éviter le basculement de la cité dans l’orbite française. Isaac était parmi eux, certains l’accusant d’être à la tête des agitateurs. Il le nia farouchement ce rôle extrémiste jusqu’à la fin de sa vie se présentant comme un modérateur dans un « Mémoire de Défense Apologétique » de cette même année qu’il renouvela dans son testament de 1820. Il aurait pu être surnommé « le Catilina genevois » dont il ne connut heureusement pas le triste sort. Il occupa des positions éminentes dans les Tribunaux Révolutionnaires mis en place pour juger les contre-révolutionnaires. Il appartint aux deux instances successives qui condamnèrent quatre cents « contre-révolutionnaires » liés à l’ancien régime patricien et accusés d’avoir confisqués le pouvoir au peuple genevois. Quarante d’entre eux furent condamnés à la peine de mort. Onze exécutions furent finalement réalisées et furent vivement reprochées à Isaac qui s’en défendit toujours jusque dans son testament avec la dernière énergie.
Finalement, la République Helvétique fut proclamée en 1798, mais cela ne dura pas à l’image des républiques sœurs du Nord de l’Italie (notamment Venise).
Le 17 avril 1798 le Directoire décida l’intégration de Genève à la République Française. Son territoire fut finalement inclus dans le nouveau du Département du Léman réuni à la République Française.
Isaac devenu citoyen français
ne joua plus dès lors aucun rôle politique. Il se consacra à diverses activités
intellectuelles et en particulier au développement de la maçonnerie genevoise.
Il présida l’autorité suprême de la Loge de la
Maçonnerie Ecossaise Rectifiée qui prit ensuite
le nom de Loge Augustin & Léonard Bourdillon
dont le siège du temple est à Carouges.
Il fut aussi l’un des fondateurs de la Société
Littéraire de Genève créée en 1815. Il eut le
temps de voir la restauration de la république genevoise désormais canton de la
nouvelle Confédération Helvétique instaurée par les traités de 1815. Ce nouveau
canton était à nouveau dominé par un gouvernement conservateur restauré dans la
continuité de l’oligarchie d’avant 1791. Cette dernière combinaison
réactionnaire ne sera renversée qu’en 1846 avec le succès de la révolution
libérale conduite par le Radical James Fazy
(1794-1878) et qui déboucha sur la constitution démocratique de 1847.
Isaac qui avait tenté d’incarner la voie genevoise de la
liberté révolutionnaire, mourut à Genève le 18 décembre 1820 alors que
triomphait partout la Contre- Révolution symbolisée par la Sainte Alliance qui
régna sans partage sur l’Europe de 1815 à 1830.
Christophe Bourdillon
La révolution genevoise
Il a joué un rôle important dans
la révolution genevoise. Il fit partit en décembre 1792 du comité des 40 qui
dirigeait les Egaliseurs en lutte avec le gouvernement aristocratique. Il sortit
de l’assemblée nationale après deux mois seulement d’exercice et lorsqu’on
rétablit un gouvernement régulier au commencement de 1794, il ne voulut accepter
aucune charge. Pendant l’insurrection de 1794, il fit partie successivement du
Premier tribunal révolutionnaire, de la Commission révolutionnaire du second
tribunal, de la Commission nationale et de la Commission liquidatrice. On l’a
accusé d’avoir préparé l’insurrection, mais il s’en est toujours défendu. En
tout cas, il en devient un des chefs les plus actifs. Il semble avoir eu une
grande part aux mesures financières.
" C’est pourquoi je déclare en présence de Dieu tout Puissant que l’accusation
portée contre moi, tant verbalement que par écrit, me signalant comme
provocateur de l’insurrection du 19 juillet 1794 est absolument fausse et
calomnieuse. Je n’ai été membre d’aucun comité organisateur d’insurrection et
dans la réunion plénière dont alors je faisais partie, jamais il n’y a été
proposé ou délibéré rien qui put tendre directement ou indirectement à faire
insurger le peuple. Si cette fatale journée n’est pas le produit d’un mouvement
spontané de club et qu’elle eut de conducteurs invisibles, je souhaite que Dieu
leur fasse grâce ! A lire de Bourdillon : Mémoire sur une contribution extraordinaire et sur l’établissement d’un mont de Piété, présenté au club fraternel des révolutionnaires de la Montagne de Genève, janvier 1794 : Défense apologétique du citoyen Isaac Bourdillon-Diedey.