Sir
Bernard (1883-1948)
Généalogie
Texte paru
dans la revue
espoir
(revue trimestrielle
de la Fondation et de l'Institut Charles de Gaulle)
Espoir
N°
125 décembre 2000 pages 91-93
Dans
ses Mémoires de guerre, le
général
de Gaulle a évoqué le rôle de Sir
Bernard Bourdillon, gouverneur de la
Nigeria pendant la Seconde Guerre mondiale: «
Sir
Bernard Bourdillon, gouverneur général de la Nigeria, donna aux Français
libres en cette occasion [les ralliements], comme il devait toujours
le
faire, son actif et intelligent concours
". Un
de ses cousins retrace, pour Espoir,
l'itinéraire de cet homme et ses
relations avec le
général de
Gaulle et la France libre
Sir
Bernard, né en Tasmanie en 1883, fils de
Bernard Keen, est le petit-fils du révérend
Francis (lui-même fils de Thomas pasteur à Fenstanton). Il suit sa famille en
Afrique du Sud lorsqu'elle quitte la Tasmanie.
A
sa sortie d'Oxford, Sir Bernard passe avec succès le concours d'entrée dans
l'administration. Tout au long de sa longue carrière outre-mer, il dépendra
successivement de l'Indian
Civil
Service puis du
Colonial
Service.
Son premier poste sera les Indes, où
il passera dix ans (1908-1918). Il servira ensuite onze ans en Irak (1918-1929),
puis trois ans à Ceylan (1929-1932). En 1932, il obtient son premier poste de
gouverneur en Ouganda, perle des colonies anglaises d'Afrique, où il restera
trois ans (19321935). En 1935, il est nommé gouverneur de la Nigeria où, dès
1940, il joue un rôle stratégique très important, apportant un soutien opiniâtre
et efficace à l'effort de guerre des alliés et tout particulièrement à la
France libre. Rentré à Londres en mai 1943, il devient jusqu'à sa retraite
conseiller auprès du Colonial Office.
Il meurt en 1948.
Ses
trois fils Bernard-Godwin, Harry et Imbert seront comme lui fonctionnaires
coloniaux : Bernard et Imbert sur le terrain au
Colonial Service, Harry au
Colonial
Office de Londres.
-
Bernard-Godwin a été tué à Jérusalem en 1946, lors de l'attentat organisé
par l'Irgoun, contre l'hôtel du Roi David, où se trouvait le quartier général
britannique.
-
Imbert, né à Bagdad, porteur du prénom du maréchal de
Bourdillon a été surnommé «le petit maréchal» par le général de Gaulle
lors de son passage à la Nigeria en 1940.
Sir
Bernard fut un homme de caractère, de convictions, un humaniste et un homme
d'action. Il prit un peu le profil d'un très grand gouverneur, il acquit très
vite une vision globale des problèmes: quel avenir pour la Nigeria? Quelle
participation les populations autochtones peuvent-elles apporter d'ores et déjà
à la gestion du territoire? Quel avenir pour l'Empire colonial britannique,
quelle contribution l'Afrique peut-elle apporter à l'effort de guerre des alliés?
Nous l'avons décrit comme un homme d'action: son optimisme le pousse en effet
à intervenir avec la plus grande célébrité, mais il sait aussi tirer les
conséquences d'un échec.
Sir
Bernard, gouverneur de la Nigeria en 1940
Les événements qui vont suivre sont évoqués de façon complémentaire et
totalement convergente par le général de Gaulle dans ses
Mémoires de guerre,
par l'historien anglais R. D. Pearce, auteur d'une biographie sur Sir Bernard
Bourdillon et par Paul-Marie de La Gorce dans son récent De
Gaulle.
Après un bref séjour à Londres, Sir Bernard rejoint Lagos le 8 juillet 1940,
c'est-à-dire quelques jours après les graves événements que l'on connaît :
déclaration du maréchal Pétain demandant l'armistice à Hitler (17 juin), appel
du général de Gaulle à poursuivre le combat (18 juin), destruction dramatique et
sanglante d'une partie de la flotte française par les Anglais à Mers-El-Kébir (4
juillet). D'abord tentés de rallier la France Libre, certains hauts
fonctionnaires coloniaux français changent d'avis en raison de ce drame et aussi
du fait des pressions de Vichy : le général Noguès (Maroc), le gouverneur
général Boisson (AEF puis AOF), le gouverneur Brunot (Cameroun) refusent de se
rallier et prennent une attitude hostile à l'Angleterre. Les colonies anglaises
d'Afrique, selon le commandant en chef des troupes britanniques en Afrique
occidentale, le major général Giffard, sont dans une situation précaire et à la
merci d'une attaque française: il envisage donc le rapatriement en Angleterre
des femmes et des enfants. Le général de Gaulle a besoin d'un territoire en
Afrique pour servir de base à la France libre. Sir Bernard estime que la
situation n'est pas si grave et que les colonies anglaises d'Afrique peuvent
encore jouer un rôle important dans la guerre contre le nazisme. Entre Giffard
et Bourdillon, il y a beaucoup plus qu'une différence d'appréciation : pendant
quelques semaines se développe entre les deux hommes un véritable affrontement,
arbitré finalement par le
Colonial Office.
Sauf en ce qui concerne le Sénégal, c'est le point de vue de Bourdillon qui
prévaudra, avec le succès que l'on connaît

Bernard avec les Emirs du
Nigéria


Lagos - le palais du gouverneur et Sir Bernard Bourdillon à son bureau

Sir
Bernard et la France libre
Alors
que le gouverneur général Boisson est encore à Brazzaville, il semble
possible à Sir Bernard d'obtenir très rapidement le ralliement du Sénégal à
la France libre. Mais cette idée semble terriblement aventureuse en haut lieu
... Et de ce fait, à Londres, on atermoie, on perd du temps, on se prépare
lentement … Selon Sir Bernard, le délai que l'on s'est finalement donné
s'est avéré fatal. En effet, malgré l'importance des moyens mis en œuvre, on
aboutit au fiasco que l'on sait (23 septembre).
Sir
Bernard a très vite compris l'importance capitale de l'AEF pour le général de
Gaulle. Mais il sait que la propagande nazie présente la France libre comme un
jouet entre les mains de l'Angleterre. Il sait aussi que les États-Unis qui
entretiennent des relations cordiales avec Vichy n'ont pas reconnu la France
libre et il ne veut pas heurter leur susceptibilité. Il pense que le ralliement
de l'AEF ne peut être que le fait des Français libres eux-mêmes. Mais dans le
même temps, il pense que l'appui moral et logistique de la Nigeria peut être décisif.
Il accepte de transmettre au général de Gaulle à Londres deux lettres du
gouverneur du Tchad Félix _ Eboué, prêt à rejoindre la France libre.
Par.ailleurs, il renseigne le Général sur la situation au Cameroun où le
directeur général des Chemins de Fer, M. Mauclère partisan du ralliement à
la France libre s'affronte avec le gouverneur Brunot, inconditionnel de Vichy.
Le Général qui a reçu ces différents messages envoie à Lagos cinq émissaires:
Leclerc, Pleven, Boislambert, le commandant d'Ornano (venu du Tchad) et le
colonel de Larminat (venu de Syrie). Ces émis-' saires seront reçus par Sir
Bernard et Lady Violet avant de poursuivre leur mission. Leclerc et Boislambert,
après avoir transité par Tiko et Victoria, s'empareront sans coup férir de
Douala, puis de Yaoundé, malgré l'opposition du gouverneur Brunot. Avec
l'appui de Mauclère, Pleven se rendra à Fort-Lamy, où l'attend le gouverneur
Félix Éboué. Larminat se rendra à Brazzaville où il devra vaincre
l'opposition du général Husson, successeur de Boisson et partisan de Vichy.
Le
Tchad et le Cameroun se sont ralliés, le même jour: le 26 août 1940. Il aura
fallu trois jours pour parvenir au ralliement du Congo et de l'Oubangui-Chari:
les Trois Glorieuses: 26,27 et 28 août 1940. Le ral1liement du Gabon n'a été
effectif qu'en septembre en raison de la présence d'un sous-marin de Vichy venu
tenter d'empêcher l'opération. Le gouverneur général Boisson et l'amiral
Platon avaient fait tout ce qui était en leur pouvoir, mais sans succès, pour
s'opposer aux actions de la France libre, soutenue discrètement, efficacement
et opiniâtrement par Sir Bernard.
Le
général de Gaulle a tenu à se rendre à Lagos dès le mois d'octobre 1940
pour y rencontrer Sir Bernard. Cette entrevue fut extrêmement importante, d'une
part pour l'amitié franco-britannique et aussi pour les relations entre les
deux hommes : estime réciproque, confiance, unité de conception, amitié..
Lady Violet, excellente maîtresse de maison, sut donner à cette entrevue un
caractère familial que de Gaulle apprécia énormément. Le Général accepta
plus tard d'être le parrain d'une petite-fille de Sir Bernard, Sally, fille de
son fils aîné Bernard Godwin. En 1960, le général de Gaulle devenu président
de la République française, fit un voyage officiel à Londres et n'oublia pas
de convier à la réception qu'il offrit à cette occasion Lady Violet, Joy
(veuve de Bernard-Godwin) et Sally. Sir Bernard était mort en 1948

Sir
Bernard
Le
Nigeria apporta aux colonies françaises ralliées à la France libre une aide
économique substantielle. Une mission française s'installa à Lagos et resta
ouverte jusqu'en septembre 1943. Sir Bernard resta en poste à Lagos jusqu'en
mai 1943 et fut affecté au Colonial Office
à Londres avant de prendre
sa retraite.
Une rue de Lagos porte le nom de Sir Bernard

Il a été caricatruré cf. ci-dessous

Bernard eu 3 fils
: Patrick Godwin, Henry Townsend et Imbert (Patrick Imbert)
Généalogie

Evelyne (mari de François) et Sally Bourdillon


Evelyne et François Bourdillon - Imbert Bourdillon et Joy / François et Imbert
Bourdillon
François Bourdillon est l'auteur de ce site Internet
Retour Sommaire
Maréchal de Bourdillon